Tai Chi Chuan Bruxelles / Yun shou / AR Goyet / article 56
Septième chapitre du ZHUANG ZI
CONSENTIR À LA SOUVERAINETÉ DÉHISCENTE
卷三下 第七 應帝王
Préface, traduction et notes de Jean-François Rollin.
1988 ÉDITIONS GARAMOND – LIBRAIRIE SÉGUIER – MICHEL CHANDEIGNE (épuisé)
Tai Chi Chuan
Racine-du-Ciel qui voyageait sur l’Adret Rouge Foncé, parvint à atteindre les hauteurs de l’Onde aux Renouées. Par hasard il y rencontra l’Homme Anonyme. Il le questionna :
— Puis-je vous demander comment agir sur l’étendue sous le ciel ?
— Va-t-en ! s’écria l’Homme Anonyme. Misérable, qu’as-tu à me poser cette question ! Elle a anéanti ma joie ! J’étais juste sur le point d’entrer en relation avec cela qui crée êtres et choses. Le dégoût m’avait fait atteler les oiseaux de l’espace imperceptible afin de sortir hors des six bornes ; j’allais voyager dans la région de nulle présence, séjourner dans le domaine désertique et vide. Qu’as-tu éprouvé le besoin de me troubler le cœur avec cette histoire de canaliser l’étendue sous le ciel !
Tai Chi Chuan
Racine-du-Ciel répéta sa question. Alors, l’Homme Anonyme lui répondit :
— Que ton cœur voyage dans la transparence. Rassemble tes souffles dans la vastitude silencieuse, suis le jaillissement spontané des êtres et des choses. De cette façon, sans conserver en toi rien de particulier, tu canaliseras l’étendue sous le ciel.
Commentaires Tai Chi Chuan
Sur le “voyage intérieur, chèr au adepte du Tao, un livre, moins ancien il est vrai que les Tablettes intérieures, décrit le mouvement d’aller et retour, d’entrée en soi et de sortie hors de soi. Dans L’immortel de l’adret pourpre l’un des personnages dit : « J’ai obtenu le pouvoir de planer en tournoyant parmi les montagnes de la divination, aller et venir dans l’hôtel du miroir multiple, me reposer et dormir sur le tumulus nommé la colline du cinabre, contempler dans les lointains les huit signes extrêmes. Ayant saisi toute signification, pendant plusieurs centaines d’années je suis demeuré ainsi perché, au comble de la joie. Cependant tout à ma félicité, je me suis mis à songer que séjourner dans la quiétude harmonieuse, ne pas retourner dans le monde de l’obturation, cela différait de ce que l’on appelle s’accorder au mouvement du ciel, suivre les fluctuations des saisons. C’est pourquoi j’ai plongé mon corps dans la boue fétide pour observer et transformer la prolifération tumultueuse. ».
Ce que les sinologues qualifient de randonnée extatique, je le nomme voyage intérieur. C’est le premier moment de la Voie. Il s’agit de susciter le paysage intérieur.tai Chi Chuan
L’immortel de l’adret pourpre, c’est le Zi yang zhenren neizhuan, qui aurait pu aussi bien être traduit par Biographie ésotérique de l’homme vrai du yang pourpre. Étymologiquement yang 陽 , qui est le principe mâle, signifie adret, et yin 陰 , le principe femelle, ubac. Diminués de la « clef » de la levée de terre 阝(阜) , yang 昜 et yin 侌 veulent dire respectivement lumière et ombre.tai Chi chuan
Quant à zhen 真 , s’il a le sens reconnu de vérité, il possède également celui d’immortalité. En effet, le Shuowen Jiezi révèle : zhen c’est être immortel parce qu’on se métamorphose et accède au ciel. Ainsi, la notion de vérité ne se définit pas comme adéquation de l’idée et de la chose, mais comme le trajet qui mène au ciel à travers les multiples changements de formes. La vérité est essentiellement mutations, accord avec le flux universel. L’immortel de l’adret pourpre date du 4e siècle de notre ère. Il serait de Xu Mi, doyen des hommes de la Voie au Dan Yang.tai Chi

